Treizième arrondissement
la Dalle des Olympiades
Un lieu, une(des) histoire(s), des habitants, un projet artistique.
Il existe une esthétique du vivre ensemble
Celle-ci se manifeste par la culture et le langage
(Heure bleue ou la poésie d’une ville)
Ce qui est beau poétiquement, c’est qu’une même découverte ait un sens visible et invisible, c’est qu’en changeant de lieu ‘on’ se change.
La ville nous concerne et nous parle à un double titre : parce que nous procédons d’elle et, parce que nous avons à la faire exister et à nous réaliser en elle.
Mais la ville c’est aussi un champ social ; et nous ne pouvons également oublier ce que l’acte d’habiter signifie.
En interrogeant les habitants, en recueillant leurs paroles, les rues, les façades, la dalle cessent d’être muettes : non point parce qu’elles transmettent un message venu d’ailleurs, mais parce qu’elles sont les témoins de l’histoire individuelle et collective mise à jour à travers cette parole ; ce lieu a créé la spécificité de cet espace ; il l’a façonné.
Mais c’est à la fois un lieu manifeste et un lieu ‘refusé’.
Un lieu manifeste parce que nous pouvons l’articuler, par tout ce qu’il exprime et dont nous pouvons parler.
Un lieu ‘caché’ parce qu’il nous échappe quand nous entendons le connaître totalement.
Heure bleue, cette heure incertaine, entre-deux de lumière, quelque part entre le jour et la nuit ; heure bleue pour désigner cette création quelque part sur et sous la ville, entre visible et invisible, dans ce jeu incertain du lieu.
Des paroles, – jetées symboliquement à la mer depuis l’embarcadère de la Nuit Blanche 2006 -, apparaissent au moment où la Dalle des Olympiades se met à l’Heure Bleue.
Elles appellent les visiteurs de la Nuit Blanche 2007, à créer ensemble une poésie qui se fait nuage de mots (avec le téléphone portable) et musique des sons quotidiens, construite au gré des pas de chacun.
Heure bleue est une invitation à déambuler quelque part sur et sous la ville, dans un jeu d’une écriture à l’envers, de renversement des sons et des images de la Dalle des Olympiades, jouant avec cette architecture particulière et à s’interroger sur l’exister ensemble.
Dans la ville invisible interrogeons-nous après le premier travail autour de la question « qu’est-ce qu’exister ensemble ? » sur la part d’ombre que cela renferme.
Ce monde à l’envers montre l’ombre de ce questionnement : cet espace public peut être un espace dans lequel on disparaît, dans lequel la parole disparaît ?
(Objectifs en miroirs)
Ce propos artistique se concentre autour de la relation dans ses différents niveaux.
Relation des habitants à l’art, relation des habitants à l’artiste, des habitants entre eux, des habitants à leur environnement mais également en « symétrie », relation de l’art aux habitants, relation de l’artiste aux habitants, de l’environnement aux habitants.
La collaboration des habitants pour la production de regards et de paroles sur l’espace public, vient enrichir la culture et dans un même temps l’interroger.
Ce propos artistique est une tentative de capter et de réinjecter de la pensée dans l’espace public.
Après l’expérience d’un « Chantier de pensée publique » dans le cadre du Nouvel An Chinois, les 18 et 25 février dans le quartier chinois du 13ème arrond.
En reconnaissant un territoire, nous définissons un ailleurs. En nommant un objet, nous perdons la matérialité.
Ce propos artistique propose un parcours poétique autour de la parole des habitants recueillie dans les différents ateliers menés de Février à fin Juin 2006 et lors de la « récolte » de la Nuit Blanche 2006.
Paroles d’habitants qui feront l’occasion d’un voyage poétique, accompagné de textes littéraires et poétiques et philosophiques ; acte de liberté, acte de création.
Ce propos artistique joue entre les espaces : dessus/dessous, visible/invisible
Les villes et le regard
In « Les villes invisibles (III ) » Italo CALVINO
(…)Le miroir tantôt grandit la valeur des choses, tantôt la nie. Tout ce qui paraît valoir quelque chose au-dessus du miroir ne résiste pas à la réflexion. Les deux villes jumelles ne sont pas égales, puisque rien de ce qui existe ou arrive à Valdrade n’est symétrique : et qu’à tout visage ou geste répondent dans le miroir un geste ou un visage inversé, point par point. Les deux Valdrade vivent l’une pour l’autre, elles ne se regardent dans les yeux : mais elles ne s’aiment pas.
(Déroulement)
Le projet Nuit Blanche 2006 exploitait la dimension ‘horizontale’ de cette Dalle, dimension absente de cet espace essentiellement vertical, en travaillant la question « Qu’est-ce qu’exister ensemble ? »et le propos artistique s’est concentré autour de la « relation »,difficilement appréhendable. Il s’agissait de donner la parole tout en fournissant un cadre artistique pour questionner cette parole.
Ce projet 2007 reprend ce propos en lui donnant un prolongement dans cette architecture particulière, exploitant les espaces de pénétration en sous-sol.Comme Alice aux pays des merveilles, la Dalle des Olympiades est considérée comme un miroir….. que l’on traverse. S’instaure alors un jeu, d’une écriture à l’envers.
C’est par un jeu avec une caméra que l’illusion de passer en sous-sol sera créée …
(Deux parcours artistiques en miroir)
-Parcours artistique sur la Dalle
reprenant la forme NUIT BLANCHE 2006.
C’est à l’issue d’un long travail, de 6 mois, avec les habitants de la Dalle des Olympiades, que la construction d’un embarcadère a pris naissance, exprimant l’espace public comme un espace mouvant, sur lequel tout arrimage est provisoire.
Voir le film Nuit Blanche 2006
Dans cette édition 2007
+ les sons d’en-dessous surgissent au-dessus, opérant un décalage, à travers une composition musicale inspirée par ce territoire. Les visiteurs vont découvrir, sous leurs pas, l’univers sonore du sous sol de la Dalle. Sur le ponton, de planche en planche, une gamme de sons enregistrés et d’échos musicaux va donner à percevoir l’ univers sensible d’un vivre ensemble qui se compose en direct au gré des pas des uns et des autres.
+ un parcours poétique rend visible pour la première fois toute cette parole des habitants récoltée : la parole apparaît.
Dans cette partie il s’agit de restituer cette parole et de prolonger les échanges sur le vivre ensemble. Un dispositif multimédia permet un pôle d’écoute et un pôle de participation, en recueillant les contributions sous forme de textes, photos, vidéos et en les réunissant dans un espace numérique accessible à tous.
Les contributions sont rédigées au moyen de l’outil téléphone portable et du support SMS, éventuellement par courrier électronique.
Ces messages sont analysés par un système sémantique logiciel qui permet de représenter graphiquement sous forme de ‘nuage de mots’ les termes employés par les participants.(Au centre du nuage, les termes les + fréquents affichés dans une taille proportionnelle à leur fréquence, à la périphérie du nuage, les termes les plus rares et les moins employés).
Le nuage se construit dynamiquement au fur et à mesure des contributions.
+ L’embarcadère retrouve sa place
-Parcours artistique sous la Dalle
C’est le jeu du renversement ; on passe sous l’habitat, à l’envers.
+ Les sons d’en-dessus surgissent en-dessous.
Le déplacement du visiteur s’enrobe peu à peu dans une recomposition donnant à percevoir la naissance puis l’évanescence des sons coutumiers de la Dalle.
+ l’embarcadère, à l’envers, en miroir avec celui placé au dessus, lui même se reflétant au plafond des sous-sol de la Dalle. Par le jeu d’une caméra qui projette une projection vidéo au plafond du sous-sol, de ce qui se passe au dessus.
L’ensemble dans une lumière bleue.
+ Un parcours poétique à partir de la parole des habitants, mais cette parole se déforme : jeu typographique, phrases à l’envers uniquement visible dans un miroir,. Dans les interstices de la rue, des mots, des phrases, disparaissent ou apparaissent, jeu avec la forme des murs. Des textes de Sartre (huis clos) et de Deleuze ( dans la post-face de Vendredi ou la vie sauvage de Tournier), et d’autres développent le thème du lien entre enfermement et solitude absolue. Ils sont échelonner dans tout le parcours pour arriver jusqu’à la Dalle.